Un changement qui déborde de son cadre

Le télétravail s’implante depuis 2012 dans les entreprises. Les grands groupes, les PME, la fonction publique territoriale et les administrations d’Etat déconcentrées multiplient les expérimentations.

Ces réorganisations affichent deux objectifs principaux. Réduire les déplacements des salariés, et compenser les nuisances des open space.

Mais une fois le processus enclenché, les directions, les managers et les salariés réalisent que le bouleversement ne s’arrêtera pas à une meilleure qualité de vie, source de productivité.

Le fait de travailler à distance change la manière de travailler de nombreuses personnes qui, a priori, ne pensaient pas être concernées.

Car le télétravailleur doit rendre des comptes, par écrit, sur son travail quand il est à distance, chez lui ou dans un télécentre. Son manager et ses collègues doivent être au courant de sa production pour qu’il fasse toujours partie de l’équipe.

L’habitude prise, le télétravailleur fait de même pour la production réalisée au bureau.

Et pourquoi limiter cette formalisation de la production à ceux qui télétravaillent.

La conclusion s’impose vite.

Dans la structure, chacun doit partager sur un média (agenda partagé, outil de suivi des tâches, …) les actions qu’il réalise et les chantiers sur lesquels il travaille.

En effet, dans un bureau collectif traditionnel, tout le monde sait ce que font les autres, mais  dès que l’on sort du cadre, il faut partager via un média structuré.

Et cette modification d’habitudes concerne tout le monde : les télétravailleurs, les salariés classiques, les managers.

Certaines entreprise le font depuis longtemps, et le télétravail ne change rien de ce côté là. Elles n’ont aucune difficulté à basculer à ce nouveau mode de travail à distance.

Mais de nombreuses autres ont une culture beaucoup plus orale, où l’on partage parce qu’on se voit. Les informations sont souvent parcellaires et les non dit pullulent.

Dans ce cas, cette nouvelle manière de partager via un média, suscite toujours des réactions. Le fait de noter, de partager, suscite des réactions hostiles : c’est du flicage, on ne nous fait pas confiance. Mais aussi : on va savoir enfin qui bosse. On gagne en efficacité et en transparence.

Le télétravail bouleverse la culture et les habitudes de travail bien au-delà du champ initialement prévu.